Bilan final de la 1re étape expérimentale
À l’occasion de la publication du bilan final de la première étape expérimentale de Territoires zéro chômeur de longue durée, Louis Gallois, président du Fonds, fait le point sur cette première étape qui s’achève et les perspectives pour la deuxième qui s’ouvre.
À l’issue de ces 5 années expérimentales, quel est le constat principal ?
Le droit à l’emploi est devenu une réalité pour plus de 1000 personnes qui en étaient jusque-là privées. C’est, au-delà de tous les bilans, le fait qui s’impose.
La première loi d’expérimentation a été votée il y a cinq ans ; les entreprises à but d’emploi (EBE) embauchent depuis quatre ans. Les dix territoires retenus ont eu tout à construire : organiser les Comités locaux pour l’emploi (CLE), nouer la relation avec les personnes privées durablement d’emploi (PPDE), créer les EBE, définir leurs activités, trouver les locaux, embaucher les salariés… Au terme de ces quatre années effectives, l’expérimentation est devenue une réalité locale forte qui change le regard sur les personnes et sur l’emploi. Elle s’inscrit de manière visible dans les territoires.
Le chemin de cette première étape expérimentale a été semé d’embûches, les difficultés sont-elles toutes levées au moment où s’ouvre la deuxième étape ?
L’expérimentation a évidemment rencontré des difficultés parce qu’elle était profondément innovante. Les CLE qui doivent manifester la dynamique et l’engagement des acteurs du territoire ont eu à démontrer leur capacité d’impulsion. Il a fallu inventer un management participatif pour les EBE en respectant la triple contrainte qui s’impose à elles : ne pas choisir leurs salariés, ne pas faire concurrence ni au secteur public ni au secteur privé, tout en dégageant un chiffre d’affaires. Bien sûr, les difficultés ne sont pas toutes complètement résolues mais les progrès réalisés dans l’animation des CLE, le management et la structuration des EBE, la formation des salariés, la progression du chiffre d’affaires, en dépit du Covid, illustrent la dynamique exceptionnelle de l’expérimentation et construisent un formidable encouragement pour la deuxième étape.
En affrontant et en surmontant les obstacles rencontrés, l’expérimentation a surtout démontré que les trois convictions qui sous-tendent l’ensemble du projet Territoires zéro chômeur de longue durée sont vérifiées. Personne n’est inemployable dès lors que l’on part des capacités des personnes, de leurs contraintes et de leurs souhaits. Ce ne sont pas les travaux utiles qui manquent dans l’espace laissé en jachère entre le secteur public et les activités marchandes. Ce n’est pas l’argent qui manque lorsque l’on mesure les économies réalisées et les recettes générées par l’embauche des PPDE, et plus encore, si l’on y ajoute les externalités positives créées par ces emplois supplémentaires. L’exhaustivité et le droit à l’emploi pour tous ne sont plus du domaine de l’utopie pour les dix territoires. Ils sont presque atteints sur certains d’entre eux. C’est cet acquis impressionnant d’expériences et de progrès qui va servir de base solide pour la deuxième étape qui s’engage.
Quels sont les enjeux majeurs pour cette deuxième étape qui verra l’habilitation d’au moins 50 territoires supplémentaires ?
Celle-ci aura, bien sûr, à consolider les apports de la première étape et à poursuivre les progrès engagés, à les valider sur un nombre beaucoup plus élevé de territoires, mais elle aura une ambition plus large. Elle devra établir le cadre du droit à l’emploi pour tous : une gestion territorialisée, une impulsion et une coordination nationales, des coopérations sur le plan local avec l’ensemble des structures qui participent au droit à l’emploi, des EBE à la pérennité économique, sociale et managériale assurée, et, enfin, un financement stabilisé. Au-delà de la deuxième loi, nous avons à l’esprit une troisième loi qui ne sera plus d’expérimentation mais d’extension à tous les territoires volontaires et préparés à prendre leurs responsabilités. La deuxième étape devra donc convaincre que nous avons atteint la maturité nécessaire pour engager le pays tout entier dans ce défi majeur du droit à l’emploi pour tous.
Pour aller plus loin :
Pour consulter le deuxième bilan intermédiaire (publié en septembre 2019) :
Deuxième bilan intermédiaire de l’expérimentation
Pour consulter le premier bilan intermédiaire (publié fin 2018) :